En ce début de XXIe siècle, la France se trouve à un carrefour décisif pour son avenir énergétique et économique. Le développement du secteur de l’hydrogène s’impose comme une nécessité impérieuse pour garantir l’indépendance et la souveraineté nationale. Un besoin énergétique accéléré par la guerre en Ukraine qui met en lumière la vulnérabilité des approvisionnements énergétiques et la nécessité de diversifier les sources d’énergie. Ce défi dépasse les clivages politiques traditionnels, réunissant la gauche, la droite et le centre autour d’une ambition commune : construire un avenir durable, prospère et autonome.
Un Enjeu d’Indépendance Énergétique
La France, à l’instar de nombreux pays, dépend encore largement des énergies fossiles importées. Cette dépendance expose le pays aux fluctuations des prix internationaux et aux tensions géopolitiques. L’hydrogène, produit localement à partir de sources renouvelables, offre une alternative crédible pour réduire cette dépendance. En investissant massivement dans l’hydrogène vert, produit à partir d’énergies renouvelables telles que l’éolien et le solaire, la France pourrait non seulement sécuriser son approvisionnement énergétique mais également stabiliser ses coûts énergétiques à long terme et ainsi devenir un modèle en matière d’énergie.
En 2023, la France avait déjà des projets en cours visant à développer une capacité de production d’hydrogène via électrolyse, atteignant jusqu’à 6,5 GW d’ici 2030. De plus, la France dispose d’un atout majeur avec son parc nucléaire. Les centrales nucléaires peuvent produire de l’hydrogène rose grâce à l’électrolyse de l’eau utilisant l’électricité d’origine nucléaire. Cette capacité permet de diversifier les sources de production d’hydrogène et de maximiser l’utilisation des infrastructures existantes.
Une Opportunité Économique
Le développement de l’hydrogène représente une formidable opportunité économique pour la France. La création d’une filière hydrogène solide pourrait générer jusqu’à 100 000 emplois d’ici 2030. Ces emplois seraient répartis dans divers secteurs tels que la recherche, la production, la distribution et les applications industrielles (Hinicio) (Clifford Chance). Les entreprises françaises, en se positionnant à la pointe de cette technologie, pourraient conquérir des marchés internationaux en pleine expansion.
Parmi les acteurs clés du secteur, Hydrogène de France (HDF) se distingue par ses projets de centrales électriques à hydrogène, visant à fournir une énergie décarbonée et stable. HDF développe notamment des centrales intégrant de l’hydrogène vert pour stocker l’énergie renouvelable et fournir de l’électricité en continu.
McPhy Énergie, quant à elle, est un leader dans les solutions de production et de stockage d’hydrogène. Spécialisée dans les électrolyseurs et les stations de recharge, McPhy a déjà installé plusieurs systèmes innovants à travers l’Europe et prévoit une expansion significative pour répondre à la demande croissante.
Hopium a récemment réorienté sa stratégie après l’abandon du projet Machina, son véhicule à hydrogène haut de gamme. L’entreprise se concentre désormais sur la fabrication de piles à combustible pour décarboner le secteur de la mobilité lourde, comme les camions et les bus. Cette nouvelle orientation vise à répondre aux besoins croissants du marché professionnel et à contribuer significativement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les transports (Hopium).
Enfin, Air Liquide est un acteur incontournable dans le secteur de l’hydrogène. L’entreprise est engagée dans la production, le stockage et la distribution d’hydrogène à grande échelle. Air Liquide a récemment investi dans des projets ambitieux visant à créer des écosystèmes hydrogène dans plusieurs régions, facilitant ainsi la transition vers une économie décarbonée.
Un Pilier de la Transition Écologique
La lutte contre le changement climatique est un impératif mondial. En France, l’hydrogène vert pourrait jouer un rôle central dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment dans les secteurs difficiles à décarboner comme l’industrie lourde et les transports. Les véhicules à hydrogène, qu’ils soient des voitures, des camions ou même des trains, offrent une alternative zéro émission aux motorisations thermiques traditionnelles.
Les récentes découvertes de réserves d’hydrogène blanc en Lorraine et dans l’Ain ouvrent également des perspectives inédites. Ces réserves pourraient fournir jusqu’à 10 000 tonnes d’hydrogène par an, contribuant à la décarbonation des transports, à la production et au stockage de l’électricité ainsi qu’au développement d’usines durables sans précédent (IEA) (IEA).
La Souveraineté Technologique
Enfin, le développement de l’hydrogène est une question de souveraineté technologique. En investissant dans la recherche et le développement de cette filière, la France peut se positionner comme un leader mondial de l’hydrogène. Cela passe par la formation d’une main-d’œuvre qualifiée, le soutien aux startups innovantes et la mise en place d’infrastructures adéquates.
Conclusion
Le secteur de l’hydrogène, par son potentiel à transformer radicalement notre modèle énergétique, économique et industriel, constitue un enjeu stratégique pour la France. Son développement doit être porté par une volonté politique forte, transcendant les divisions partisanes, surtout depuis les dernières législatives. La gauche pourrait y voir une opportunité de justice sociale et environnementale, la droite un moyen de dynamiser l’économie et de renforcer la compétitivité, et le centre un vecteur d’innovation et de développement durable. Ensemble, ils peuvent faire de l’hydrogène un pilier de notre indépendance et de notre souveraineté nationale.